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Les grands cartels économiques

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Le château d'Achnacarry, en Ecosse, théâtre des accords du même nom
Le château d’Achnacarry, en Ecosse, théâtre des accords du même nom

Il n’est pas question ici de parler des cartels ayant trait à des trafics illégaux (tels les cartels de la drogue). Par définition, un cartel est une entente réalisée entre plusieurs entreprises en vue de limiter (voire de purement supprimer) la concurrence sur un marché précis. Les contractants peuvent ainsi s’assurer le contrôle de la production et de la distribution. Attention, le cartel ne constitue pas un trust, car ce dernier est constitué par diverses entreprises au sein d’une seule et unique unité économique. Venons-en à quelques exemples marquants, sans aucune prétention à être exhaustif.

La cartellisation nait véritablement en Allemagne, aux alentours de 1870. Mais c’est véritablement sous le nazisme que les konzerns allemands ont acquis un grand poids économique. En effet, Hitler s’appuyait sur un certain nombre d’entre eux, notamment IG Farben, le géant de la chimie, afin de se maintenir au pouvoir et mener une politique « national-socialiste ». IG Farben est crée en 1925 et résulte de la fusion de six grandes entreprises chimiques, parmi lesquelles BASF, Bayer, Hoechst, etc. Son poids économique lui permet d’investir dans la R&D et est à l’origine de toutes les innovations chimiques du moment, depuis la synthèse de l’ammoniac jusqu’au gaz Zyklon B utilisé par les nazis. Mais tout comme les Zaibatsus, leurs pendants japonais, ces ententes vont faire l’objet d’une décartellisation massive au sortir de la Seconde Guerre Mondiale.

Voilà pour un exemple national. Mais les plus grands cartels historiques se sont constitués internationalement. Citons la création d’un véritable cartel du pétrole, après les accords d’Achnacarry (Ecosse) en 1928, autour de la Standard Oil, Shell, etc. Déjà, et alors même que le pétrole ne représentait que 10 à 20% des consommations d’énergie mondiales, les futures « majors » ont compris l’intérêt économique de l’entente, notamment en ce qui concerne l’usage en commun d’usines, dans l’idée d’une « rationalisation » de l’industrie pétrolière.

Enfin, ne négligeons pas les cartels entre pays. Alors même que certains les combattent (les célèbres lois anti-trust américaines), d’autres choisissent de s’unir, toujours dans la volonté de contrôler le marché, voire de l’accaparer. Ainsi en est-il de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole),  créée en 1960. Là, il s’agit non pas d’augmenter les revenus pour le développement d’une entreprise, mais bien pour celui d’un pays tout entier. La recherche d’une unification, notamment par le biais de quotas, ou la pratique du 45/55 (sur chaque exportation de pétrole, au moins 55% des revenus revient au pays détenteur des gisements) a pu durer quelques décennies, avant une quasi-explosion de l’organisation.

On le voit donc,  le cartel est né quand les grandes firmes ont compris le danger que présentait pour elles la concurrence. Aussi, au lieu de se combattre, les rivaux choisissent l’alliance pour conquérir ensemble les marchés, au détriment du consommateur, et parfois, à leur propre détriment. Aujourd’hui, il tend à disparaître et est peu à peu remplacé par le monopole ou l’oligopole.

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